http://leplus.nouvelobs.com/contribution/975376-en-voulant-tuer-l-orthographe-gabriel-cohn-bendit-s-attaque-a-la-france.html
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/973300-revoltons-nous-contre-l-orthographe-les-jeunes-devraient-ecrire-comme-ils-veulent.html
en description de la vidéo :

CITATION BOURDIEU : "Or lorsque, à un moment donné du temps, l'État, ou tel de ses représentants, entreprend (comme ce fut déjà le cas, avec les mêmes effets, un siècle plus tôt) de réformer l'orthographe, c'est-à-dire de défaire par décret ce que l'État avait fait par décret, il suscite aussitôt la révolte indignée d'une forte proportion de ceux qui ont partie liée avec l'écriture, au sens le plus commun, mais aussi au sens qu'aiment à lui donner les écrivains. Et, chose remarquable, tous ces défenseurs de l'orthodoxie orthographique se mobilisent au nom du naturel de la graphie en vigueur et de la satisfaction, vécue comme intrinsèquement esthétique, que procure l'accord parfait entre les structures mentales et les structures objectives, entre la forme mentale socialement instituée dans les cerveaux par l'apprentissage de la graphie droite et la réalité même des choses désignées par les mots adroitement graphiés: pour ceux qui possèdent l'orthographe au point d'en être possédés, le ph parfaitement arbitraire de nénuphar est devenu si évidemment indissociable de la fleur qu'ils peuvent invoquer, en toute bonne foi, la nature et le naturel pour dénoncer une intervention de l'État destinée à réduire l'arbitraire d'une orthographe qui est de toute évidence le produit d'une intervention arbitraire de l'État." Pierre Bourdieu, in Raisons pratiques. Sur la théorie de l'action, Seuil, 1994, Points, 1996, p.103-104
Bernadette Wynants, L'orthographe, une norme sociale (lu juste cette page)
Marie-Clémence Perrot La politique linguistique pendant la Révolution française Mots. Les langages du politique Année 1997 52 pp. 158-167
https://www.persee.fr/doc/mots_0243-6450_1997_num_52_1_2474
[...] Je n’avais pas prévu de parler de tout ça mais après tous allons y . Comme pour les autres journaux, je pourrais toujours censurer après coup. Déjà je remarque que je me censure passivement dans l’écriture, j’utilise par exemple un phrasé pas forcément soutenue mais disons… je sais pas, sérieux. Je m’autorise quelques écart d’oralité mais ca reste très gentil. J’ai même mis des mots entre guillemet, pas pour en affaiblir le sens, mais parce qu’il étaient relié à un registre de langage familier, domestique, ou de classe populaire, et que donc c’est comme si cela ne collait pas. C’est vrai, pourquoi par exemple deux paragraphe plus haut j’écris « faire chier » entre guillemet. C’est une expression que j’utilise dans la vie courante pourtant. Pourtant on m’as appris dans mon parcours scolaire à réduire le registre de langage d’expression à un certain type de français, bien orthographié, sans aucun mot d’argot. Sans pour autant me donner des arguments autre que « c’est comme ca qu’on fait au bac et dans la vie professionnelle ». Mais ce « comme ca » n’est pas interrogé. Je me souviens d’un article dans un numéro du magazine « Le tigre » qui développait sur plusieurs pages la naissance de l’orthographe, qui avait été mis en place par la bourgeoisie lors de la révolution Française (si je ne dis pas de bêtise). Avant il n’y avait pas de normalisation formelle de la langue, ce n’est qu’avec la création de l’Académie Française, et la constitution d’une « vraie langue Française », en fait celle de la classe au pouvoir, que s’est imposé une bonne manière d’écrire, appauvrissant la pluralité des langues Francaises vernaculaire, les différents Patois et leur Richesse, au profit d’une seule, souvent de manière très violente (j’avais ainsi vu des affiches où l’on interdisait aux enfant de parler le Patois à l’école). Cette époque semble révolue et pourtant comment interpréter autrement le fait que je me sente obligé d’écrire dans une langue qui ne m’appartient qu’en partie ? En quoi l’expression « faire chier » ne ferait pas partie de la langue ? L’utilisation des guillemet, utilisé la plupart du temps pour amener dans le texte un élément qui ne vient pas de lui, un peu comme une l’est une citation, pourquoi cela devrait s’appliquer à ce « faire chier » ? Utiliser des guillemets dans ce contexte, je le vois maintenant que j’ai implicitement envisagé d’écrire ce texte dans la langue formelle que je vois comme la seule autorisée, et que j’ai importé une expression qui est était extérieure. Pourtant, l’expression « faire chier », est parlante. Si cette expression est refusée, ne serait ce que par moi, s’agit t il du fait qu’il s’agit de l’action de déféquer ? En effet, la question de la « merde », que là aussi je met après hésitation entre parenthèse, celle de l’excrément, est lié à un tabou social. Si cette expression transpire à travers la langue, et qu’elle est dans la forme incluse comme élément extérieur, la langue reproduit, dans ses implicite, dans la manière dont elle est utilisé, une certaine morale, un certain jugement de valeur sur ce qu’il faut dire et comment. Il y a donc une sorte de normalisation de la langue.

Une professeur m’avait une fois signalée que je lui parlait comme à un de mes potes, tout en précisant que c’était là ma manière d’être et qu’elle respectait ça. J’apprécie sa remarque et la reconnaissance de ma sigulière expression orale, mais là aussi j’ai senti un certain écart : si elle ne veux pas que je m’adresse à elle comme une personne avec qui je peux parler avec franchise, « comme je fais avec mes potes » comment veut elle que je lui parle ? Comme un professeur ? Mais quel est ce langage que doit médier la relation étudiant professeur ? Avec elle je ne faisait pas exprès de parler avec un langage particulier, j’avais juste l’impression de parler avec un langage normal. Dans d’autres situations, notamment lorsque j’étais enfant, on m’as plusieurs fois repris violemment lorsque je faisait preuve soit disant de désinvolture ou de défiance, vu comme un « manque de respect ». Je ne crois pas être irrespectueux dans ces conditions : ce n’est pas parce que j’utilise des terme d’argot ou familier que je manque de respect à la personne en face, que j’attaque ce qu’elle est comme avec une insulte par exemple. Ce n’est donc même pas une question de respect. Alors pourquoi lorsque l’on parle à un professeur avec un langage de tout les jours, cela peut être pris comme un « manque de respect », une « provocation » ? Peut être que ce qui est attaqué ici n’est pas la personne, mais son statut. Lorsque je parle à un professeur comme à n’importe qui, je ne lui parle pas « avec le respect qui lui est dûe », mais je le respecte autant que les autres, le respect lui est due comme à n’importe qui, donc pourquoi devrais lui parler différemment ? Est ce que je lui doit un respect différent de celui que je dois « à mes potes » ? J’émets ici la supposition que le fait de parler simplement au professeur dans un langage de tous les jour est mal recu non pas parce que cela l’insulterai lui, mais parce que cela à trait à son statut.








Journal mémoire, bloc du 23 Mai 2018
C’est en tout cas ainsi que je comprends le fait que ma parole s’adapte, souvent sans que je m’en rende compte, à mon interlocuteur. Tout comme dans ce mémoire j’écris « à la manière d’un bon élève », pas parce que le texte réclamerai ça (un développement n’a pas besoin de langage soutenu pour être argumenté), mais parce que je m’interdis d’utiliser des mots d’argots, de la même manière je m’autorise difficilement à utiliser des formulations de phrases plus élaborée lorsque je suis dans une situation type fête étudiante où je ne connais pas grands monde. Avec les personnes de confiance, en dehors des protocoles habituels de communications, je m’autorise à mélanger différents registres de langages, sans m’en rendre compte (enfin il me semble, il me faudrait le vérifier expérimentalement). C’est pour moi un acte de confiance et de respect de considérer que la personne en face est capable de comprendre différents registre de langue, d’accepter toute la palette d’expression que je peux utiliser. N’en utiliser qu’une seule dans certaine situation ou en face de certains statut, cela exclue de fait la personne dans un statut à part, en effectuant un retrecissement de la langue à un seul de son registre, comme une sorte de normalisation. Peut être que ce rétrécissement du registre permet une sophistication de la langue, mais ce n’est pas ce qui me semble invoqué en premier lieu.

J’avais du écrire un rapport de stage pour mon examen de BTS métier de l’audiovisuel. Lors de l’entretien oral, le professeur-jury, sans évoquer mes axes de recherches, avait concentrés ses remarques sur la mise en forme de mon édition, soulevant quelques fautes d’orthographes, et aussi que « j’écrivais comme à l’oral », en argumentant après que la nouvelle génération dont je faisais partie ne savait pas faire la différence entre l’écrit et l’oral. Ce qui est faux, je suis capable de reconnaître aisément la différence lorsqu’un texte est écrit et lorsqu’un texte est parlé, l’un est composé d’un ensemble de forme visuelles typographiques à base d’encre sur du papier, l’autre se reçoit comme une suite chronologique de phonèmes que l’on peut recevoir avec l’ouïe. Il voulait sans doute dire qu’au texte parlé et au texte écrit, il y avait à chacun un registre qui était réservé. On ne parle pas comme en écrit et l’on n’écrit pas comme on parle. C’était cela que je ne respectait pas, et c’était vu comme une faute. Si encore il y avait des argument d’efficacité, comme en provoquant une gêne à la lecture, je peux comprendre (le concept d’efficacité étant sujet à caution, en guise d’exemple il a été montré dans une étude que des typographie difficile à lire permettaient justement une meilleurs mémorisation des texte). Mais ce n’était pas ce qui était invoqué ici. De plus le passage de l’oral à l’écrit fonctionne très bien, ainsi les retranscription des conférences de Deleuze ou Agamben sont riches d’enseignement, et me procure personnellement plus de plaisir et une proximité avec la pensée que ne le permet un « registre de l’écrit ». D’ailleurs, je remarque, en reliant plus haut avec le « faire chier », que Deleuze, qui disait qu’il construisait sa pensée dans l’oralité, se permet plus de fantaisie dans la langue. Ainsi la phrase « la bourgeoisie encule le prolétariat », que j’aime envisager au sens propre, dans l’Anti-Oedipe, n’utilise pas de guillemet. J’observe ainsi une certaine jubilation, partagé parfois avec les acclamations du public, lorsque lui ou Badiou, ou d’autres philosophe exerçant une autorité intellectuelle, se permettent de franchir ces limites de langage, jusque là refusé à ceux qui ne l’ont pas.
[tout le monde pourtant, et ca se voit que c’est une inhibition en plus, on se corrige, on est sans cesse ]


Norme
Orthographiques

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orthographes alternatif
lien wikipédia
site de Monreal
Journal Dissocié - 22 Juin 2018
22/11/2018 10h22
On nous propose d'utiliser le logiciel prolexis pour corriger nos fautes d'orthographe. Le logiciel à l'air très efficace. Mais il coûte cher, il n'y a qu'un seul ordi dans l'école qui peut l'utiliser. La norme orthographique produit son propre marché.