Bonsoir Christian

J'ai vu Florine aujourd'hui, qui semble être en plein milieu de tout ce qu'il y a à gérer, mais qui y arrive bien. Donc on c'est un peu bordélique, donc tout à fait normal, et si avec Arthur on se concentre sur l'aspect mise en espace sans trop s'embêter ça devrait bien se passer. D'un point de vu technique les problèmes qui se posent sont autours du son (quand même pas mal de pièces sonores, à voir pour des casques par exemple) et de lumières (pour être dans le noir), ainsi que la gestion de l'espace, puisque nous avons un nombre limité de cloison et pour l'instant pas de rideau, ainsi que pour la fixation de vidéoprojecteur en hauteur, mais Florine est vraiment très active et anticipe déjà de son côté ces questions. Comme beaucoup de pièces sont en lien avec un espace domestique, on est parti sur l'idée d'organiser l'espace en fonction, comme si c'était implicitement une maison, et bon ça a l'air de se tenir.

Et au début je pensais qu'il s'agissait surtout de vidéo d'animation, j'ai été surpris de voir qu'il s'agit surtout de sorte de dispositif vidéo numérique, franchement de bonne qualité, surtout pour un workshop en 3 jour. Certains semblent vraiment impressionnant.



Pour faire suite au rdv de Mercredi, tu disais qu'il y avait d'un côté cette question du sens, de l'autre ce rapport au temps.


C'est très juste.

Concernant le SENS.

Bon déjà y'a des passages là dessus sur mon rapport de stage au moment où je parle de "dépression existentiel", comme forme de nihilisme du sens et de la signification. Mais comme dans le nihilisme, il y a une sorte de différence ou de dualité entre un sens nul ou tout est pareil, et un sens multiple où une pluralité de sens autonomes se côtoie. Je crois (notamment dans la forme de mon mémoire) que je cherche plus à construire des cadres autonome qui créent du sens, comme si c'était quelques chose qui se construisait. Il y a le terme de "anarchisme épistémologique" qui me plaît beaucoup, concept forgé par Paul Feyerabend. Et cette idée de la magie du Chaos, sorte de nomadisme de croyance et de magie, où chacun est invité à construire son propre culte, et donc sa propre spiritualité. C'est annoncé comme une magie post-moderne (je dois en parler dans les journaux de l'année dernière), relié à Hackim Bey (je sais pas si tu connais, mais sinon je te recommande, il a beaucoup théorisé l'invisible notamment, et fait une sorte de synthèse entre le chamanisme et le situationnisme).

Mais bon plus prosaïquement pour reprendre cette sorte de dépression existentielle, j'avais fait un film un peu tautologique y'a quelques années, sur le fameux "sens de la vie". Certains passages sont improvisé ou écrit par les acteurs aussi. (et pour l'orgueil il a été diffusé au festival du film court d'Angoulême et par un heureux hasard au festival filmer le réel. Pas mal ont détesté dans la salle, ce qui me donne une certaine satisfaction masochiste).

La fuite en avant
https://vimeo.com/83278840



Je t'envoie aussi un film de Pierre Merejkowsky, que je vois avec plus de recul que quand je l'ai découvert lycéen. C'est le premier film que j'ai vu de lui qui m'a posé beaucoup de question. Quand je l'ai montré à un amis, il m'a posé la question "pourquoi il n'ouvre pas les volet dans le premier plan, c'est idiot on ne vois rien à la caméra", et moi j'ai trouvé cette question stupide, puisque les volet é"étaient justement fermé au moment où il filme. Je me suis beaucoup identifié à Merejkowsky, tu y trouvera certainement beaucoup de lien dans mon travail, notamment dans ses idée, sa manière de se mettre en scène, son rapport à la parole, au méta, au documentaire, à une certaine indiscipline, et à une sincérité. Et pour le coup il a la même "attitude" en dehors de ses films.

Le film fait 17 min, mais un des plans le plus intéressant dans le discours sur le sens c'est celui entre 6min45 et 8min50

"Il s'agit de casser le cadre, le cadre du cinéma, le cadre de l'image (...). Je m'élève contre cette idée de contenu. Parce que la liberté elle dépends pas du contenu. On peu être libre sans contenu. C'est pour ça que les choses que je fais n'ont pas de sens (...délire non-paranoïaque...). Parce que je veux pas créer une structure qui fonctionne, je veux pas que mes films aient un message, je veux pas dire quelques chose. Parce que quand on dit quelques chose, on prends le pouvoir sur l'autre."


Pourquoi voulez vous manger ?
https://vimeo.com/44218910



Concernant le TEMPS. Là je pense c'est un certain rapport personnel, et ça va aussi avec cette idée du sens, puisque ce qui compte c'est d'abord ce qui est là maintenant. Dans la philosophie anarchiste, il y a cette maxime de "ici et maintenant". Et je pense aussi à Hakim Bey, avec ce qu'il a nommé autours de l'immédiatisme. Mais comme c'est un thème qui est en fait assez vieux, qui revient souvent dans les poèmes que j'ai écrit (et jamais diffusé même à l'essai d'ailleurs) avant que j'ai toutes ces références, je crois que c'est plutôt lié à un sentiment plus ou moins partagé d'une sorte de fuite du temps, d'une urgence, comme tu le nomme assez bien.


https://soundcloud.com/chez_narcisse/cours-y-vite
Mail envoyé à Christian Le samedi 17 mars 2018

Le 22/11 je ne rajoute pas les liens vidéos sur la page html, mais je rajoute le gras (qui ne passe pas en copier coller) et les liens html.